vendredi 17 janvier 2014

La Question Qui Tue


On est Jeudi, il est minuit trente, vendredi à 8h j’ai exam, comme d’habitude je m’y prends au dernier moment. Et comme d’habitude, quand je suis supposée réviser je cogite. Mais alors là, je cogite vraiment.
Pourquoi je cogite ? Ce matin, en cours, la sage-femme-intervenante nous a posé LA Question, celle à laquelle on est tous incapable de répondre là comme ça, tout de suite. La question que tout le monde nous pose à un moment ou à un autre :
« Qu’est-ce qui vous motive dans le fait de devenir sage-femme ? Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?» « je vous laisse 30 minutes ».
Je pense que toute une année consacrée à la seule réflexion ne suffirait pas pour répondre. Mais là tout de suite, je vais quand même essayer.


Je vais être honnête avec vous, quand je suis entrée en première année de médecine c’était pour devenir médecin. Depuis l’âge de 10 ans je rêvais de devenir médecin généraliste.

Je suis donc entrée en médecine  j’ai fait une première année, je l’ai raté. Je me suis demandé si j’étais prête à en faire une deuxième  Je suis allée voir une psy conseillère en orientation*. Et je suis retournée en médecine. Premier semestre réussi assez brillamment, bien classée au classement médecine.

Entre temps j’ai commencé à suivre le blog de 10lunes, (je ne sais plus comment j’y suis arrivée mais j’ai tout de suite adoré), puis il a fallu cocher des cases (en médecine on aime cocher des cases, on ne fait que ça). Choisir quelles filières on allait passer au concours. La question ne se posait pas vraiment pour moi, je voulais médecine, j’étais bien classée. Mais ma souris après avoir coché « médecine » s’est approché de la case « maïeutique » et a cliqué. Je bénis encore aujourd’hui ce moment, où, coincée en salle informatique j’ai coché « maïeutique ».

Le semestre passe, le concours approche, les stress me grignote chaque jour un peu plus, les sciences humaines aggravent mon stress et : patatra, hors sujet au concours.
Les vacances passent, je ne pense pas aux résultats qui approchent, je ne reste pas seule une demie seconde. Le verdict tombe, liste d’attente en médecine  liste d’attente en maïeutique. Trop loin pour espérer médecine (plus de 25 places, ça ne décale jamais autant), un peu plus proche pour sage-femme. Le verdict final n’aura lieu que 4 jours plus tard, les 4 pires journées de toute ma vie, finalement c'est bon: ça y est je suis ESF.

Oui oui, je sais, je tourne autour du pot. Alors pourquoi, un jour, en février j’ai coché maïeutique ?
Sincèrement? J'en sais foutrement rien! Déjà 10lunes en est en grande partie responsable, je le lui ai déjà dit, je lui répéterai chaque jour où ça sera nécessaire  Et puis dans mon image à époque, quand mon oignon était encore tout mignon tout jaune, la sage-femme était celle qui accompagnait la femme dans sa vie de femme, faisait naître des bébés mignons et roses, et puis c’était celle qui était à l’écoute et qui aussi une grande part d’investigation diagnostique chez cette femme. C’était ce qui se rapprochait à mon gout le plus du médecin, et puis j'étais sûre de faire un truc qui me plait 5 ans après.. Et puis la sage-femme est le professionnel présent aux moments clés de la vie d’une femme.

Mais voilà, aujourd’hui je ne regrette pas du tout d’avoir coché « maieutique ». Je n’ai aucun regrets  je suis contente d’avoir raté médecine  Ce qui m’a motivée c’est le rapport à la femme, l’accompagner dans sa vie, savoir repérer les petits et les grands problèmes  la soutenir dans son travail. J’y suis entrée par ce que j’y ai vu de la lumière  pour rien au monde je n’en partirai  Ce choix je l’ai fait indirectement, mais jamais je ne le regretterai.

Et si je me pose la question aujourd’hui je répondrai « pour changer le monde » « pour rendre aux femmes leurs accouchement » « pour aider les femmes quand elles sont vulnérables » 


*la fameuse psy en "orientation", dans les filières médicales et paramedicales, n'a jamais mentionné sage-femme


Alors, petit P1, si tu te poses la question, j’espère que ça t'aura aidé!

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