jeudi 16 janvier 2014

800000 naissances, et moi et moi et moi?

J’ai toujours aimé, ou eu le besoin d’écrire, sans jamais avoir été trop douée pour ça. Les blogs se sont enchainés pendant plusieurs années, jusqu’à s’essouffler, et plus ou moins disparaitre.
Puis, il y a quelques mois, Alice est venue avec son idée d’un blog à 6 mains. Et j’ai décidé de sauter le pas. On a hésité, tâtonné, et un jour, Alice s’est lancée. J’ai suivi, sans trop réfléchir. Comme dans Titanic « You jump, I jump Jack »*.

Alors me voici, face à mon clavier, à déblatérer sur toutes ces incertitudes, toutes mes incertitudes lorsque je pense à mon futur métier. 3 ans et demi que j’étudie, encore 5 petits mois avant de soutenir mon TFE, et des questions de plus en plus pesantes. La plus importante étant « vais-je trouver du travail? et si j’en trouve un, vais-je pouvoir exercer dans des conditions humaines? ».
Car oui, au cours de mes stages (surtout en Belgique, où le gynéco est roi), la question de l’humanisation des soins s’est posée de plus en plus souvent. Face à ces femmes à qui on impose le « RAPE-synto-péri »** car le gynéco souhaite accoucher « avant 12h ou après 14h, car entre temps, j’aimerais aller acheter mon meuble chez ikea/chercher ma fille à l’école/ aller à mon cours de tennis/ j’ai juste envie de manger tranquille » (rayez la mention inutile, toutes ces phrases ayant été entendues en stage) sans leur demander leur avis, sans même les informer de ce qui va être réellement fait.
Je suis malade d’aller en stage dans certains hôpitaux où je me rends, si fiers sur le papier de leur « salle nature », où on impose à chaque femme la péridurale, en passant la tête dans la chambre sans même se présenter pour dire « Si vous voulez la péridurale, c’est maintenant, après, l’anesthésiste, il s’en va et si vous avez mal après, il faudra le rappeler et pfiou, comme il rentre chez lui, y’en a, au moins pour 1/2 heure avant qu’il revienne. Et vous aurez mal, croyez-moi, ça ne va faire qu’augmenter ».
A entendre toutes ces sages-femmes, les femmes n’ont plus la capacité d’accoucher sans cette péridurale. Ou bien est-ce les sages-femmes que j’ai suivi qui n’ont plus la capacité d’accompagner les femmes dans leur projet, dans leur parentalité?
Je me rapproche à (très) grands pas du diplôme, et certains stages me dégoutent. La femme n’est qu’un utérus qu’on examine toutes les heures en ajustant le synto, la péri, les positions, pour qu’elle accouche quand le gynéco l’aura décidé. Et si par hasard, elle a eu le malheur d’accoucher sans le gynéco, on lui laissera le placenta dans le vagin le temps que celui-ci arrive et effectue la délivrance, afin de pouvoir facturer l’accouchement à son nom.

Je ne sais pas comment je travaillerai dans 6 mois, mais ce qui est sûr, c’est que je ne veux, ne peux pas travailler comme ça. Alors, j’explore les différentes possibilités et chaque jour, de nouvelles questions viennent s’ajouter à cette pile déjà infinie, et c’est entre autre ça que je vous raconterai ici, je pense.

QuitQuat


*(j’ai plein de petites références comme ça que vous découvrirez au fil du temps...)
**(je parle ici de rupture des membranes, et non de viol, quoi que la question pourrait effectivement se poser.)

2 commentaires:

  1. Chic,le virus se répand ! Libérons la physiologie du carcan protocolaire et les accouchements redeviendront des naissances

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  2. J'aime beaucoup ton style decriture ! (bon à part ça le contenu de l'article je ne peux que confirmer :-/)

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